Jour 14

30 mars 2020

Alors que le confinement est prolongé, alors que le nombre de morts continue d'augmenter, alors qu'on nous dit que la crise ne fait que commencer, dans deux jours IL retourne travailler…

Car le télétravail n'est pas possible dans son métier.

Car, dans le pays, il faut maintenir un minimum d'activité.

Car le BTP et le logement sont des secteurs essentiels à préserver.

Oui mais voilà, ce n'est ni le BTP, ni le logement.

On parle de paysage, et il n'y a rien d'urgent.

Mais les clients veulent bien qu'ils aillent travailler, alors pas de raison de stopper les chantiers...

Alors oui, je devrais me réjouir que son entreprise ne soit pas impactée, son emploi non mis en danger, mais je reste perplexe et partagée.

Dans deux jours il reprend son activité, comme avant, comme si rien n'avait changé.

J'ai l'impression d'être en pleine tempête, à l'abri de la maison et de le regarder s’éloigner.

Je ne sais pas dans quelles conditions il va travailler, ni ce qui a été mis en place pour le protéger. Sera-t-il épargné ? Contaminé ? Va-t-il être porteur du virus et l'air de rien, le donner.

Et moi qui vais rester là, à gérer mon p'tit gars sans l'aide de son papa.

Ce serait mentir de dire que je n'ai pas d'appréhension face à la situation.

De nouveau, face à moi, de nombreuses questions.

Nous avions trouvé dans ce « chaos », notre équilibre tous les trois.

Nous avions, dans ce contexte chamboulé, créé de nouveaux repères auxquels s'accrocher. Oui mais voilà…

À partir de mercredi, ce frêle équilibre va basculer.

Et j'ai peur de me laisser dépasser.